Paul Jouve, artiste animalier voyageur

Auguste et Paul Jouve, 1905 – Archives Dominique Suisse

Paul Jouve est né en Seine et Marne, à Bourron Marlotte, près de Barbizon le 16 mars 1878. Son père, Auguste Jouve, artiste peintre, céramiste et photographe était un ami de Vincent Van Gogh, ainsi qu’un familier du peintre animalier Olivier de Penne qui fut son témoin de mariage. Cet environnement influença certainement Paul Jouve.

Aigle en plein vol
Crayon sur papier japon marouflé

« Après les fauves, les rapaces et les éléphants sont les sujets de prédilection de Jouve. Il consacra de longs moments à leur observation. »

Un talent précoce

La famille s’installe à Paris dès les deux ans de Paul. Son père l’encourage dans la voie du dessin, remarquant ses aptitudes assez jeunes. Son premier modèle est son chat. Il l’inscrit aux Arts décoratifs, qu’il ne fréquenta pas longtemps, rebuté par les exercices académiques. Il sera étudiant libre aux Beaux-Arts mais préfère surtout peindre d’après nature, au marché aux chevaux, au jardin des plantes, aux abattoirs de Villejuif, la Villette, ou encore parfaire sa connaissance de l’anatomie au Muséum d’histoire naturelle, tout en apprenant la lithographie dans l’atelier d’un ami de son père, Henry Patrice Dillon.

© Dominique Suisse

Shere-Khan 1920
Lithographie originale
Justification du tirage sur 20 exemplaires
Feuille de japon de 108 x 78 cm

Il essaye de mettre en avant les volumes plus que la linéarité du trait. Il n’a que seize ans lorsqu’il expose au Salon des Artistes français. Il réalise et vend ses premières lithographies cette même année.

© Dominique Suisse

Deux lions scrutants l’horizon
Huile sur papier marouflé
33 x 94 cm

Le début de la notoriété

L’exposition universelle de 1900 signe le début de sa notoriété. Il recevra par l’architecte Binet la commande d’une frise de 100m de long de fauves, quatre lions qui orneront les portes des Champs Elysées et d’autres commandes car l’architecte sera impressionné par la qualité des rendus. Il se fait connaitre et réalise en 1901 des caricatures pour l’Assiette beurre. Le collectionneur et marchand d’art Samuel Bing le repère. Il le soutient et expose dans sa galerie son travail, qui connait un grand succès.

C’est en 1905 que la reconnaissance se confirme. Il participe à tous les grands salons et Samuel Bing organise sa première exposition personnelle.

Il sera le premier pensionnaire de la Villa Abd-el-Tif à Alger.

Chamelier, Bou-Saada, 1909
Crayon sur papier japon
53 x 70 cm

 

Le dessin et la peinture contre la guerre

Rentré à Paris, doté de nombreux dessins et peintures, il reprend en 1911 l’atelier du peintre Génôme dans lequel il reste jusqu’à sa mort. Il sera mobilisé au front et survit à la première bataille des gaz asphyxiants, qui le marque. En 1915, il devient préposé au service photographique des armées. Cela lui permet de dessiner et peindre sans combattre. Il rencontre à l’état-major le prince Alexandre de Serbie qui deviendra son ami et protecteur. Il l’introduira dans un cercle de riches acheteurs européens et sera un de ses plus fidèles clients. Il est nommé responsable des artistes d’Orient et organise une exposition à Athènes qui connait un succès retentissant. Il écrit : « à partir de maintenant table rase du passé, progresser sans arrêt, produire, ne plus subir les influences des choses vues dans les musées ou ailleurs ».

Le temps des voyages

En 1922, il est lauréat de la bourse du voyage du gouvernement de l’Indochine et part représenter la France en tant que peintre. Ce sera un voyage de onze en Indochine, en Chine, à Ceylan, puis aux Indes. Il présente des compositions ramenées d’Asie et obtient toujours plus de succès dans les nombreuses expositions où il montre son travail. En 1926, il est nommé chevalier de la légion d’honneur.

Il illustrera tout au long de sa carrière les fables de la Fontaine ainsi que Le livre de la Jungle et bien d’autres créations littéraires.

Dans les années 30, attiré par le pays des ‘touaregs’, il fait un long voyage en Afrique.

Pour rejoindre l’Algérie, il part du Sénégal. À son retour d’Afrique, il participe à l’Exposition Coloniale Internationale de Paris. Il se rendra aussi en Égypte par la suite, fréquentant assidument le zoo du Caire et clôture son séjour par une exposition importante de ses œuvres au Caire. Le 7 février 1945, il fut nommé membre de l’Académie des Beaux Arts.

Exposant toujours dans de nombreux salons, il continuera de fréquenter la fauverie du jardin des plantes et le zoo de Vincennes qui l’inspirent inlassablement. Il peint et expose jusqu’à sa mort, et décède dans son atelier à l’âge de 95 ans.

© Dominique Suisse

Tigre buvant
Huile sur panneau
50 x 72 cm

Linda Bachammar Clerget
Artiste peintre et formatrice

Le 14 mai 2018

Source : www.pauljouve.com