Centre de Conservation pour Chimpanzés (C.C.C.)

Christelle Colin, vétérinaire de formation dirige depuis 2015 le Centre de Conservation pour Chimpanzés en Guinée (C.C.C.). Elle est la lauréate 2016 des trophées des français à l’étranger dans la catégorie «Environnement», parrainé par le journal Le Monde.

Le sanctuaire que Christelle dirige recueille des chimpanzés orphelins, confisqués par les autorités guinéennes, dont la mère et d’autres membres du groupe ont été tués par des braconniers. Le CCC recueille ces orphelins afin de les réhabiliter pour relâcher dans la nature les individus qui seront jugés aptes. Le processus de réhabilitation dure de longues années, le temps que les chimpanzés se remettent de leurs traumatismes, apprennent ou réapprennent à vivre comme des chimpanzés, à avoir des comportements naturels. Il est aussi primordial de constituer des groupes sociaux cohérents qui pourront être ensuite relâchés ensemble.

Trouver le bon site de relâcher est aussi déterminant dans la réussite du programme. Les critères de sélection sont très nombreux et répondent à des lignes de conduite très précises de l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature). Mais il est malheureusement de plus en plus difficile de trouver le site idéal car les espaces se réduisent: déforestation massive, destruction de l’habitat naturel des chimpanzés par l’extension des activités humaines, urbanisation galopante…

Cela crée d’ailleurs parfois des situations insolites de rencontre entre chimpanzés sauvages et habitants des villes. Le CCC intervient de plus en plus souvent dans ce genre de situations, comme en avril dernier où une femelle s’est retrouvée littéralement prise au piège en périphérie d’une petite ville, après que les habitants du quartier l’aient chassée, effrayés par la jeune femelle qui ne faisait que passer dans une zone rongée par l’urbanisation. La femelle s’est retrouvée encerclée par des habitants du quartier menaçants mais elle a pu trouver refuge au sommet d’un grand fromager. Les habitants ont prévenu les autorités qui ont demandé le secours du CCC. Les membres du CCC ont entamé un long dialogue de sensibilisation avec la population qui a accepté de collaborer. La zone a été sécurisée, les membres du CCC ont passé la journée suivante au pied de l’arbre avec 2 agents du Parc National. La jeune femelle est finalement descendue de l’arbre au bout de 24h, disparaissant rapidement en brousse, saine et sauve !

En Guinée, les chimpanzés sont très peu chassés pour leur viande, contrairement  d’autres pays africains. Les bébés chimpanzés sont par contre capturés pour alimenter un trafic contrôlé par une véritable mafia, qui vend illégalement ces jeunes orphelins à des zoos chinois ou comme animaux de compagnie dans les pays du Golfe, en Russie, etc… Un bébé chimpanzé coûte actuellement 20 000$ sur le marché noir international, et certains bébés sont vendus en Guinée, par les braconniers, près de 2000€, ce qui représente une somme considérable dans ce pays très pauvre malgré des ressources minières très importantes (le 2ème stock mondial de bauxite). Il faut donc sensibiliser les populations locales et créer des emplois pour inverser la tendance, afin que ceux qui braconnaient hier deviennent aujourd’hui des acteurs de cette lutte pour la préservation de nos plus proches cousins. Mais il est aussi très important de souligner qu’on ne vaincra ce trafic qu’en luttant contre la demande de bébés chimpanzés, et donc en sensibilisant les potentiels riches acheteurs aux conséquences dramatiques de leurs actes.

Le C.C.C. œuvre auprès des populations locales, il est un acteur économique très important de la région, fournissant de l’emploi, des ressources économiques aux agriculteurs des environs en leur achetant toute la nourriture des chimpanzés, des soins médicaux, des livres scolaires, l’accès à l’éducation (le CCC a fait construire une école dans un village) et à la sensibilisation environnementale.

Les chimpanzés sont aussi menacés en Guinée par le virus Ebola. L’épidémie humaine dans la sous-région en 2014-2015 n’avait heureusement touché aucun chimpanzé, mais on sait que ce virus atteint régulièrement des populations de gorilles et chimpanzés sauvages en Afrique centrale.

Christelle et son équipe œuvrent quotidiennement dans ces conditions difficiles pour sauver ces merveilleux animaux, ces êtres vulnérables qui sont, rappelons-le, nos plus proches cousins. 

www.projetprimates.com/centre-de-conservation-pour-chimpanzes

Charlotte Avril, le 27 juin 2017

http://www.lepetitjournal.com/trophees-club-laureats/item/828-christelle-colin-tropheeenvironnement-2016