La cigogne blanche (Ciconia ciconia)
La cigogne blanche vit en Eurasie et hiverne en Afrique. Plus précisément, on la retrouve dans les régions et pays suivants : Afrique du Nord et Afrique du Sud, Europe de l’Ouest et Europe centrale, Turquie, Iran, Irak, Turkestan et Inde.
MORPHOLOGIE ET CARACTÉRISTIQUES
La cigogne blanche mesure de 1m à 1,20 m de hauteur et son envergure peut aller de 1,55 à 1,65m. Le corps est robuste et allongé. Le mâle ne se distingue quasiment pas de la femelle.
Elle peut peser jusqu’à 4,4 kg.
Comme la plupart des ciconiidés, c’est un grand échassier avec un cou, des pattes et un bec longs. Les ailes, larges et arrondies, possèdent 12 rémiges primaires. La queue courte se compose de 12 rectrices, avec des plumes sous-caudales pouvant être longues et duveteuses. La cigogne présente un épais collier de plumes autour du cou.
Le plumage est blanc, à l’exception des rémiges qui sont noirs et du bec et des pattes d’un rouge très vif.
Les tarses – partie de la patte située entre l’articulation du talon et les doigts – sont d’environ 20 à 25 cm. Les 3 doigts antérieurs sont légèrement palmés, ce qui explique l’aisance aquatique de la cigogne blanche.
Le bec, d’un rouge vif à l’âge adulte, a d’abord été chez le cigogneau noirâtre puis d’un brun-rougeâtre. Le bec de la femelle est un peu plus petit que celui du mâle. Les narines sont très étroites et placées à la base de la mandibule supérieure.
Chez les oiseaux, la forme du bec indique le régime alimentaire ; le bec de la cigogne blanche est caractéristique des oiseaux harponneurs.
La cigogne, comme pratiquement tous les oiseaux, possède en outre une glande à huile, dite « glande uropygienne », qui produit un liquide dont l’animal enduit son plumage pour le rendre imperméable.
Contrairement aux autres oiseaux, la cigogne ne peut ni chanter ni crier. En effet, si elle possède bien un syrinx – organe qui produit le son chez les oiseaux – la structure musculaire qui l’entoure étant insuffisante, la cigogne ne parvient à émettre que des chuintements ou encore des claquements de bec ou craquètements pour communiquer.
L’espérance de vie d’une cigogne blanche est de 10 ans en moyenne.
REPRODUCTION & NIDIFICATION
Les couples qui se forment restent unis pour la vie.
Les oiseaux construisent leur nid dans les arbres à l’aide de branchages ou au sommet de certaines constructions ou encore à même le sol.
C’est le mâle qui en général choisit le lieu de nidification. Construire un nid peut prendre jusqu’à une semaine. Celui-ci est constitué de branchages, de mottes de terre, d’herbes mais également de foin ou de mousse.
S’il s’agit d’un nid ancien, les nouveaux occupants n’auront de cesse de l’agrandir. Ainsi, un nid neuf mesurera 80 cm de diamètre pour 40 cm d’épaisseur alors qu’un nid ancien peut atteindre plus de 2m de diamètre et de hauteur et peser jusqu’à 500 kg !
La maturité sexuelle est atteinte à l’âge de 3 ou 4 ans. Pour séduire la femelle le mâle rejette sa tête en arrière et écarte ses ailes. Dès que la femelle est conquise, les accouplements peuvent commencer, en général, sur le nid.
La ponte a lieu en avril ou mai. En moyenne, on trouve 4 œufs par couvée.
L’incubation qui dure environ une trentaine de jours, commence au premier ou au second œuf pondu. Elle est partagée entre les deux parents : la femelle pendant la nuit et le couple pendant la journée.
Les deux adultes nourrissent à tour de rôle les jeunes par régurgitation, toutes les 2 heures. Les éclosions s’étalent sur une semaine. Bien souvent le dernier-né ne survit pas, car incapable d’accéder à la nourriture face à ses frères et sœurs déjà très vigoureux. Trop faible, il sera jeté hors du nid ou dévoré par ses parents.
Le premier vol des poussins a lieu à l’âge de 2 mois environ. Puis peu à peu les cigogneaux vont quitter le nid pour l’abandonner complètement au cœur de l’été.
HABITAT ET NOURRITURE
En Europe, son habitat est le marais, la prairie et les pâturages, les terres cultivées. Les zones humides – vallées fluviales ou plaines parcourues de cours d’eau – ont sa préférence : près de 75% des nids y sont installés.
En Afrique, on retrouve la cigogne blanche dans les savanes, les steppes et à proximité de lacs.
La cigogne se nourrit d’insectes, vers de terre, amphibiens, petits reptiles, crustacés et poissons, petits rongeurs et parfois oisillons. Elle chasse principalement dans les champs, les marais et dans les lieux humides. Elle chasse souvent à l’affût, notamment les petits rongeurs.
Le régime alimentaire de la cigogne blanche dépend des conditions climatiques. Ainsi, en Europe centrale, elle consommera environ 60% de petits mammifères contre 30% de reptiles alors que dans les régions plus chaudes de l’Europe le rapport est inversé.
PROTECTION DE L’ESPÈCE
On recense entre 500 000 et 520 000 cigognes blanches et plus de 180 000 couples en Europe.
L’espèce est protégée en Europe, après avoir fortement décliné dans les années 1970 à 1990. Malheureusement, elle est encore chassée dans certains pays africains.
Les menaces qui pèsent sur l’espèce sont l’assèchement des zones humides, l’agriculture intensive et la raréfaction des lieux de nidification.
MIGRATIONS
Les cigognes effectuent des migrations entre les lieux de nidification et d’hivernage ; c’est à ce moment-là que la cigogne devient grégaire.
Au mois d’août, les cigognes quittent leur zone de nidification pour atteindre l’Afrique au cours des mois de novembre et décembre. A l’inverse, elles regagnent leur zone de nidification en mars et avril.
Les cigognes blanches de l’ouest de l’Europe migrent en prenant la direction du détroit de Gibraltar pour rejoindre l’Afrique du Nord et l’Afrique sub-saharienne.
Les cigognes de l’est de l’Europe arrivent en Egypte et au sud de l’Afrique via le détroit du Bosphore et la Grèce.
En France, les cigognes blanches utilisent 2 voies distinctes. Celles qui ont nidifié le plus à l’est empruntent le couloir rhodanien, franchissent les Pyrénées catalanes et rejoignent Gibraltar. Les cigognes installées plus à l’ouest vont longer la façade atlantique puis survoler les Pyrénées basques pour rejoindre également Gibraltar.
La distance entre la région de nidification et la région d’hivernage peut aller jusqu’à 8 000 km.
C’est grâce à leurs ailes de grande envergure que les cigognes peuvent franchir ces très longues distances. En se laissant porter par les courants aériens chauds, elles prennent rapidement de l’altitude – parfois jusqu’à 3500 m – et planent sans effort.
Durant leurs vols migratoires, les cigognes vont alterner ascensions et planés en bénéficiant des courants thermiques. Cette technique de vol ne nécessite pas le fameux vol en escadrille que l’on peut observer chez d’autres espèces telles que les oies cendrées.
La descente vers la terre est tout aussi impressionnante, les cigognes se laissant tomber en vrilles acrobatiques pour un atterrissage tout en douceur et en élégance !
LA CIGOGNE ET NOUS
Animal totem de l’Alsace, la cigogne blanche est aussi annonciatrice de bonnes nouvelles au cours de l’histoire – victoires pour Attila, résurrection du Christ – puis de naissances. Elle est en quelque sorte un porte-bonheur.
Les poètes rhénans du XIXe siècle l’adoptèrent, de même qu’elle devint une icône de l’imagerie populaire à cette même époque.
Symbole de la fidélité et de la fécondité, la cigogne a tissé des liens avec les hommes. Chez les Grecs anciens, une loi appelée « Pelargonia » – de pelargos, la cigogne – oblige les enfants à s’occuper de leurs vieux parents. En Chine, elle symbolise la longévité ; offrir l’image d’une cigogne est une façon de souhaiter longue vie à un ami ou un parent. Dans le nord de la France, une cigogne nidifiant sur le toit d’une maison assure longue vie au propriétaire.
Et qui n’a jamais vu l’image de la cigogne portant dans son bec un nouveau-né emmailloté pour le déposer auprès d’un couple impatient de l’heureux évènement ? Aujourd’hui encore, en Allemagne, on appelle les angiomes de naissance des « baisers de cigogne ».
Les légendes du nord de l’Europe nous content la cigogne capable de féconder une femme en lui pinçant la jambe alors qu’en Orient, un simple regard de l’oiseau suffit pour cela.
Finalement oiseau de bon augure, son image est liée à des fables et des récits de métamorphose, rapprochant un peu plus cet animal de l’homme. Dans certains régions de Lituanie, d’Allemagne et de Hollande, la cigogne, dotée d’une âme, se transformerait même en être humain durant l’hivernage…
Hansi, le célèbre illustrateur alsacien déclina la cigogne blanche dans nombre de ses albums. On la retrouve aussi chez Jean de La Fontaine – « Le renard et la cigogne » – et elle s’incarne sous forme de maximes et proverbes pour illustrer quelques travers humains :
« Il est comme une cigogne et ne sait pas sur quelle jambe se tenir », pour dire qu’il hésite,
« Il met son bec dans tout comme la cigogne », parce qu’il est bien curieux,
« Il avale tout comme une cigogne », pour signifier que c’est un véritable goinfre !
Valérie Besio, le 2 décembre 2019
Source :
https://inpn.mnhn.fr/
https://www.lpo.fr/
https://www.oiseaux.net/
https://www.futura-sciences.com
https://www.larousse.fr/encyclopedie/