Le chacal doré arrive en France !

© Koshyk

Le chacal doré, Canis aureus, a récemment été aperçu sur le territoire français. Originaire d’Europe du Sud-Est, ce petit canidé d’une cinquantaine de centimètres au garrot ressemblent à ses cousins le loup et le renard. Cependant, celui-ci n’est pas une espèce connue de la faune française et son aire de répartition originale s’étend des Balkans au sous-continent indien. Le chacal doré n’avait jamais été observé à l’ouest des Alpes jusqu’à cet été où il a été photographié à trois reprises dans le Chablais par des chasseurs et des protecteurs de la nature de Haute-Savoie.

«Le chacal est une bestiole discrète et nocturne. On peut le confondre avec un loup à cause de son pelage d’hiver. Mais avec des photos en couleur et après des mesures, pas de doute : il s’agit bien d’un spécimen de cette espèce» explique Christophe Gilles, mammalogiste de la Fédération Rhône-Alpes de la protection de la nature (Frapna).

Les premières observations du chacal doré ont été obtenues grâce à des pièges-photo posés pour la surveillance de loup et de lynx. La présence du chacal doré en France a en effet été confirmée par l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS).

Le chacal doré est une espèce « très adaptable » et sa dynamique d’expansion naturelle incite les spécialistes à penser que cette espèce est amenée à devenir une espèce autochtone. «Est-ce que cela se fera dans les années ou les décennies à venir ? Pour l’instant, on ne peut pas le savoir. Le chacal est une espèce très adaptable avec une prédilection pour les zones humides et agricoles. Son régime alimentaire et son comportement étant comparables à ceux du renard, il ne va pas bouleverser l’équilibre naturel.» a déclaré Murielle Guinot-Ghestem, responsable de l’unité « prédateurs-animaux déprédateurs » de l’ONCFS.

Pour François Moutou, expert associé du comité français de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), la présence du chacal doré en France est un enrichissement pour la biodiversité et l’espèce pourra parfaitement cohabiter avec les deux autres espèces de canidés que sont le loup et le renard. Cependant, son statut reste à déterminer : «Une chose est sûre, il faudra lui en donner un : celui de gibier chassable, despèce susceptible d’occasionner des dégâts [les soi-disant nuisibles] comme le renard, ou d’espèce protégée comme le loup» précise François Moutou.

De plus, le chacal doré n’est pas considéré comme une espèce exotique envahissante selon la Commission européenne, obligeant les États membres à protéger l’espèce en vertu de son inscription en 1992 à l’Annexe V de la directive Habitats-Faune-Flore. Cependant le chacal doré bénéficie de différents degrés de protection en fonction des états allant d’espèce chassable en Croatie à espèce protégée en Allemagne.

La présence du chacal doré est ainsi progressivement au cœur des débats. «C’est une chance et une bonne nouvelle, à l’heure où la biodiversité s’écroule, qu’une nouvelle espèce sauvage arrive naturellement sur notre territoireCe qui va être intéressant, ce sont les interactions avec les autres espèces, notamment le renard et le loup. On va devoir apprendre à la connaître et l’étudier : c’est passionnant !» a commenté le naturaliste Christophe Gilles.

 

Gabrielle Montier, le 6 avril 2018

 

Source :

www.liberation.fr