Le Japon quitte la CBI et relance la chasse à la baleine

crédit : NOAA News July 6, 2012

Le Japon a annoncé fin décembre 2018 qu’il se retirait de la Commission baleinière internationale (CBI) et relance officiellement la chasse commerciale à la baleine dès Juillet 2019. Cette décision vient défier les défenseurs des cétacés mais pourrait bien aussi signer la fin du commerce de la pêche à la baleine pour les nippons. En effet, le Japon n’a jamais cesser de chasser les cétacés et continuait jusqu’à présent sous des prétextes de recherches scientifiques. En reprenant cette pratique il rejoint l’Islande, la Norvège et le Danemark qui commercialisent eux aussi la viande de baleine dans leur pays. Cette décision est vivement critiquée par les gouvernements et organisations de protection des animaux mais le Japon s’abstiendra d’aller chasser « dans les eaux de l’Antarctique ou dans l’hémisphère sud » et respectera « les quotas de prises calculés selon la méthode de la CBI afin de na pas épuiser les ressources » a déclaré Yoshihide Suga, porte-parole du gouvernement nippon. Malgré un aspect de mauvaise nouvelle cette décision du Japon pourrait finalement être une bonne nouvelle pour les baleines.

En effet, les entreprises de pêche japonaises ont prévenu que ce commerce ne sera rapidement plus viable économiquement car la chasse à des fins « scientifiques » était subventionnée par le gouvernement contrairement à celle commerciale. De plus, la demande en viande de baleine se fait de plus en plus faible.

Beaucoup de défenseurs des animaux ont été initialement indignés par ce choix mais cela pourrait davantage être une victoire pour la protection des océans sur le long terme. Voici notamment la réaction de Paul Watson, fondateur et président du groupe Sea Shepherd :

« Je ne comprend pas trop pourquoi tant de voix parmi les défenseurs des baleines crient au scandale suite à l’annonce faite hier par le Japon concernant sa décision de quitter la CBI. Après 16 ans d’interventions contre la flotte baleinière japonaise dans le sanctuaire des baleines de l’océan Austral, j’y vois pour ma part, un développement très positif.

Cela signifie que la guerre baleinière dans l’océan Austral est terminée, Sea Shepherd et les baleines ont gagné. Ce pour quoi nous nous sommes battus depuis tant d’années vient de se concrétiser : le sanctuaire antarctique va enfin devenir un lieu de paix pour les baleines. La fin de la chasse à la baleine dans l’océan Austral.

En quittant la CBI, le Japon permet aussi à cette même commission de voter et d’adopter la création d’un autre sanctuaire pour les baleines dans l’Atlantique Sud [Le Japon avait toujours fait capoter le projet au sein de la CBI]. Cela signifie donc que l’ensemble de l’hémisphère Sud sera enfin débarrassé des baleiniers pour la première fois dans l’Histoire. C’est une avancée prodigieuse dont il convient de se réjouir. Désormais, le Japon ne pourra plus cacher sa chasse commerciale illégale derrière l’alibi de la chasse scientifique. Le Japon n’a jamais cessé la chasse commerciale à la baleine. Il rejoint maintenant la Norvège, l’Islande et le Danemark dans les rangs des derniers pays chasseurs de baleines sur la planète et la chasse commerciale à la baleine reste illégale. Sans le prétexte scientifique, il sera désormais bien plus facile de s’opposer aux Japonais. Le Japon tue des baleines dans ses eaux territoriales depuis des décennies. Rien n’a changé. Ils ne “reprennent” donc pas la chasse à la baleine puisqu’ils n’ont jamais arrêté. En d’autres termes, les Japonais comme les Norvégiens, les Danois et les Islandais sont désormais confinés sur leurs propres côtes. Leur expansion est terminée, les baleiniers du monde se replient. Sans une chasse à la baleine pélagique, le Japon ne construira pas un nouveau navire-usine coûteux. Il y a eu de fortes pressions politiques au Japon pour qu’il ne construise pas ce navire monstrueux.

Mais pourquoi le Japon a t il décidé de jeter l’éponge avec la CBI ?

5 raisons principales :

1. Les pressions diplomatiques internationales se font de plus en plus agressives.
2. L’augmentation des coûts de sécurité pour éviter l’intervention de Sea Shepherd a fait de leurs missions en Antarctique un gouffre financier.
3. L’augmentation des coûts d’exploitation en raison de la nécessité de retirer le Nisshin Maru et de le remplacer par un nouveau navire-usine.
4. La diminution des marchés pour la viande de baleine au Japon.
5. Le Japon a réalisé que la CBI n’autorisera jamais le retour de la chasse commerciale à la baleine dans l’océan Austral.

Toute chasse commerciale à la baleine par quiconque, où que ce soit, est illégale depuis 1987.
Sea Shepherd continuera de s’opposer à la chasse illégale à la baleine avec une diversité de stratégies et de tactiques.

Mais aujourd’hui, nous célébrons une énorme victoire pour les baleines. Le sanctuaire de baleines de l’océan Austral sera bientôt en sécurité et les harpons réduits au silence. Nous aurons bientôt un autre sanctuaire de baleines dans l’Atlantique Sud. La chasse à la baleine a pris fin dans tout l’hémisphère sud. Il n’y a aucune raison de se plaindre de quelque chose qui n’a pas changé. Au lieu de cela, nous devons célébrer les aspects positifs. La moitié de cette planète sera à l’abri des harpons. Toutes les nations traditionnelles de chasse à la baleine de l’hémisphère sud ont mis fin à leurs activités de chasse, notamment l’Australie, le Pérou, le Chili et l’Afrique du Sud. Le Japon était le dernier pays à tuer des baleines dans l’hémisphère sud.

Sea Shepherd accueille donc cette décision du Japon avec satisfaction. Merci au Japon, mais la guerre continue.

Sea Shepherd est intervenu contre la chasse illégale à la baleine dans le sanctuaire des baleines de l’océan Austral sans interruption de 2005 à 2017. Sea Shepherd a envoyé plus d’un millier de volontaires sur de nombreux navires et a sauvé plus de 6 000 baleines des harpons. Plus important encore, Sea Shepherd a considérablement augmenté les coûts opérationnels et de sécurité du Japon, en plus de sensibiliser le monde entier, y compris le public japonais, aux activités illégales du Japon dans l’océan Austral.”

Pour en savoir plus vous pouvez également lire l’interview des inrocks de Lamya Essemlali, présidente du groupe Sea Shepherd France : https://urlz.fr/8y5j

 

Gabrielle Montier, le 2 janvier 2019

 

Sources :

www.seasheperd.fr 

https://urlz.fr/8y5j

www.france24.com