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Le tigre du Bengale (Panthera tigris tigris)
Le tigre du Bengale, de son nom scientifique Panthera tigris tigris, appartient à la famille des félidés.
Egalement appelé tigre royal du Bengale, sa population est estimée aujourd’hui à 2 500 individus ; il fait partie des espèces menacées d’extinction.
On trouve des tigres du Bengale dans les forêts de mangrove des Sundarbans à l’est de l’Inde (delta du Gange) et au Bengladesh.
On en trouve plus sporadiquement au Népal et en Birmanie.
Source : www.monde-animal.over-blog.com
Morphologie
Le tigre du Bengale mesure entre 2,70 et 3,10 m (incluant la queue). La femelle est légèrement plus petite (2,30 à 2,70 m).
Le mâle pèse entre 180 et 250 kg alors que le poids de la femelle varie de 110 à 160 kg.
La taille au garrot est de 110 cm environ pour les mâles et de 100 cm pour les femelles.
Son espérance de vie est de 15 à 18 ans.
De corps long, étroit et musclé, le tigre du Bengale se distingue très facilement des autres félidés par son pelage légèrement brun strié de bandes noires verticales, lui permettant aisément de se fondre dans la végétation et ainsi de se camoufler.
Ses pattes sont courtes mais très musclées si bien qu’il peut effectuer des bonds de 10 m en prenant appui sur ses membres postérieurs.
La tête est grosse et la dentition impressionnante est particulièrement puissante. Les canines sont utilisées pour déchiqueter les proies. Les griffes rétractiles sont redoutables.
Le tigre du Bengale possède une très bonne vue ; sa vision nocturne est 6 fois supérieure à la nôtre.
Le cri du tigre est le rugissement, qui peut être entendu à plus de 2 km à la ronde.
Mode de vie et reproduction
Le tigre du Bengale est un animal solitaire, il a besoin d’un espace vital étendu sur lequel il peut chasser. En urinant ou en laissant des sécrétions particulièrement odorantes, il marque son territoire qui peut dépasser les 100 km2.
Chaque tigre possède plusieurs tanières qu’il utilise selon ses besoins. Il se déplace et vit aussi bien dans la jungle inextricable et humide, la forêt sèche ou tropicale, la montagne à la limite des neiges de l’Himalaya que dans la savane ou encore la mangrove.
Toutefois, il recherche plutôt des points d’eau et des endroits couverts car il craint la chaleur.
Redoutable prédateur nocturne, il chasse à l’affût, attaquant en général sa proie par le côté ou par l’arrière afin de bénéficier de l’effet de surprise. Il tue les petites proies en les saisissant à la nuque et en leur brisant la colonne vertébrale ; il plaque au sol les plus grosses proies puis les étouffe.
Il se nourrit de viande en début de décomposition, essentiellement de gaurs (taureau sauvage pesant jusqu’à 900 kg), de buffles, de cerfs, de sangliers ainsi que de singes et de lézards. Il peut aussi s’attaquer aux ours, crocodiles et autres prédateurs.
La maturité sexuelle est atteinte à l’âge de 3 à 6 ans pour les mâles et de 3 ans pour les femelles. La période de reproduction a lieu de novembre à avril. Les chaleurs de la femelle durent environ 6 jours et le cycle reprend tous les 15 à 20 jours. Les deux partenaires copulent plusieurs fois, jour et nuit. Une fois l’accouplement consommé, le mâle rejoint son territoire.
La gestation dure aux alentours de 15 semaines. La femelle peut donner naissance à 2 ou 4 petits ; chaque petit pèse entre 750 et 1 600 gr.
Les tigrons restent aveugles une dizaine de jours. Leurs yeux sont bleus et changeront de couleur durant la croissance pour devenir dorés.
Au début, l’allaitement dure 70% de la journée puis diminue peu à peu jusqu’au sevrage qui arrive au terme de 2 mois. Le lait de la mère est très riche en lipides et en protéines, ce qui fait que le tigre multiplie son poids par 100 durant les 20 premiers mois. Sa croissance se poursuivra ensuite plus lentement jusqu’à l’âge de 2 ans.
Education des petits
Seule la femelle éduque les tigrons. C’est seulement au bout de 40 jours qu’elle les laisse lécher et mordiller la viande des proies qu’elle aura rapportées. Celle-ci la dépose devant la tanière. Les petits mangent, urinent et défèquent hors de la tanière. La mère ne mange qu’une fois que ses petits sont rassasiés. Ils apprendront à chasser de petites proies vers l’âge de 7 mois et ne seront tout à fait autonome qu’au bout de 13 mois.
Pour protéger sa progéniture, la tigresse n’hésite pas à changer de tanière fréquemment. Les tigrons sont constamment léchés par leur mère pour qu’ils restent propres mais aussi pour faciliter le fonctionnement des intestins et activer la circulation sanguine.
La mortalité infantile est proche de 40% pour les jeunes de moins d’un an et de 29% pour la deuxième année. Leur survie dépend beaucoup de l’expérience de la tigresse et de la stabilité « sociale » du territoire où ils se trouvent.
Une espèce en danger d’extinction
Les tigres mangeurs d’hommes ne sont pas une légende.
Au XIXe siècle et jusque dans les années 1920-1930, ils tuaient plusieurs centaines d’Indiens chaque année. Ces attaques récurrentes étaient la conséquence de la déforestation et de l’extension démographique humaine sur leur territoire de chasse, engendrant la disparition des cervidés, proie habituelle des tigres.
Du XVIe au milieu du XXe siècle, les nababs et notables indiens chassaient le tigre. Avec l’introduction des armes à feu, ces chasses à dos d’éléphant se sont transformées en véritables massacres.
Mais ce sont sans doute les paysans indiens qui, pour protéger leur bétail, tuèrent à l’aide d’appâts empoisonnés le plus grand nombre de tigres.
En 1900, on comptait entre 40 000 et 50 000 spécimens à l’état sauvage.
Dans les années 60, on n’en recensait plus que 1 800 et en 1969, le tigre du Bengale est enfin inscrit à la liste rouge des espèces menacées. Pour le protéger, le gouvernement indien a créé une quarantaine de réserves et a interdit le commerce de tous les produits dérivés du tigre.
Mais comme ses cousins proches – le tigre de la Caspienne, les tigres de Bali et de Java qui ont déjà disparu à la suite de la perte de leur habitat naturel ou de la disparition de leurs proies – le tigre du Bengale risque de s’éteindre à son tour. En effet, bien que l’espèce soit menacée et considérée comme en danger d’extinction, sa carcasse se vend à prix d’or (150 000 €), sa fourrure a une très grande valeur marchande et on prête à ses organes (os, dents, yeux, sang) – notamment en pharmacopée chinoise et moyen-orientale – de grandes vertus curatives, ce qui le rend d’autant plus vulnérable et fait de lui l’objet de nombreuses convoitises.
Le tigre du Bengale est le symbole national de l’Inde.
Une star malgré lui
Au fil des siècles, le tigre a fasciné plus d’un artiste. Symbolisant avant tout la puissance, il a été peint, décrit, filmé à la fois comme un animal sauvage et des plus héroïques.
De 1615 à 1617, Rubens peint « La chasse au tigre », œuvre empreinte de force et d’émotion, où l’on distingue plusieurs hommes chassant deux tigres, un lion ainsi qu’un léopard.
Rudyard Kipling fait du tigre du Bengale un fameux personnage dans son livre publié en 1894 « Le livre de la jungle ». Dénommé Shere Khan qui signifie « seigneur lion » en hindi, il est l’ennemi juré de Mowgli, le héros de l’histoire.
S’inspirant de cet ouvrage, Walt Disney popularisera davantage Shere Khan avec la parution, en 1967, du long métrage d’animation que nous connaissons tous.
En 1934, Hergé publie « Les cigares du Pharaon » où l’on voit Tintin sauver le maharadjah du Rawhajpoutalah des griffes d’un tigre du Bengale.
En 1959, le cinéaste austro-hongrois Fritz Lang nous offre « Le tigre du Bengale », premier volet du diptyque qui se poursuit avec « Le tombeau hindou ». Animal-totem, le tigre du Bengale surgit régulièrement au cours du récit, montrant sa beauté sauvage ou peut-être celle d’une Inde fantasmée. Le héros sauvera des griffes acérées du redoutable tigre une ravissante danseuse…
Plus près de nous, c’est Jean-Jacques Annaud qui réalise en 2004 « Deux frères » : l’histoire de deux jeunes frères tigres à l’état sauvage, dont le destin sera bouleversé par des chasseurs.
Illustration de Maurice de Becque
Valérie Besio, le 3 juin 2019
Sources :
https://www.nationalgeographic.fr/
https://www.futura-sciences.com/
http://www.natura-sciences.com/
https://www.sciencesetavenir.fr/
http://www.humanima.com/
http://www.les-felins.com/
https://wwf.be/fr/