Les espèces emblématiques : des célébrités en danger

Des chercheurs français et américains ont récemment examiné différents supports de médiatisation et de communication (sites de zoos, questionnaires en ligne et au sein d’écoles, dessins animés etc.) et ont établi une liste des dix animaux les plus « charismatiques » : les tigres, les lions, les éléphants, les girafes, les léopards, les pandas, les guépards, les ours polaires, les loups gris et les gorilles. Ces espèces se retrouvent ainsi partout sur les écrans, dans les livres, les jouets … Cette utilisation de l’image de ces animaux incitent à la croyance que ces espèces sont répandues dans la nature mais « leur omniprésence cache une triste vérité ». Ces animaux emblématiques, bien qu’adorés, sont presque tous menacés d’extinction et leur « célébrité » pourrait même nuire à leur protection.

Selon cette étude, ces animaux sont si présents dans la culture et les éléments marketing qu’ils créent une « population virtuelle » qui ne représentent en rien les réels effectifs des populations de ces espèces animales.

«Sans le savoir, les entreprises utilisant des girafes, guépards et autres ours polaires à des fins de marketing contribueraient à fausser la perspective du public sur leur risque d’extinction et donc le soutien à la conservation de ces espèces» explique Franck Courchamp, directeur de recherche au CNRS. «En moyenne, une personne en France voit durant un mois plus de représentations de lions (photos, dessins, logos, marques) qu’il ne reste de lions dans toute l’Afrique de l’Ouest» poursuivent  les chercheurs dans l’étude.

« Si nous n’agissons pas dans le cadre d’un effort concerté pour sauver ces espèces, ce sera peut-être la seule manière dont on les verra» indique le co-auteur de l’étude William Ripple, professeur d’écologie des forêts à l’Université d’Etat de l’Oregon. «L’une des principales menaces auxquelles (ces animaux) font presque tous face est le fait d’être tués par des humains». Une réalité «tristement ironique, ces animaux faisant partie de ceux que nous aimons le plus», a-t-il conclu.

Afin de palier cette carence en protection et ces faux-semblants les chercheurs souhaitent inciter les entreprises qui utilisent l’image de ces espèces menacées a reverser une partie des bénéfices acquis à des groupes de protection des animaux.

 

Gabrielle Montier, le 18 avril 2018

Source :

24heures.ch