« Les musiciens de Brême », des frères Grimm

« Les musiciens de Brême » est un conte de Jacob et Wilhelm Grimm, publié dans « Contes de l’enfance et du foyer » de la deuxième édition de 1819.

Nés en Allemagne en 1785 et 1786, les frères Grimm ont écrit de nombreux contes faisant référence aux animaux. On se souvient ainsi de « Peau d’âne », de « La petite gardeuse d’oies », de « L’ours et du roitelet » ou encore de « L’oie au plumage d’or », etc.

 

L’histoire

Un meunier vit avec son âne près de la ville de Brême en Allemagne. L’âne prenant de l’âge, le meunier décide de l’abattre et d’en récupérer la peau pour différents usages. Mais l’âne, pressentant un malheur, s’enfuit pour se rendre à Brême et y devenir musicien.

Chemin faisant, il rencontre un chien lui-même trop vieux pour la chasse et dont son maître ne veut plus, puis un chat et un coq, âgés également et dont on veut se débarrasser.

C’est alors que les quatre animaux découvrent, sur leur route, une maison habitée par des voleurs.

L’âne se mettant à la fenêtre de la maison, le chien sur son dos, le chat sur le dos du chien et enfin le coq sur le dos du chat, telle une pyramide, ils se mettent à braire, aboyer, miauler et coqueriquer tant et plus que les voleurs, affolés, prennent la fuite.

Le chef des brigands tentera bien de revenir dans la maison mais il sera définitivement chassé par les animaux qui s’y sont installés.

 

Symbolisme et interprétation

Les quatre animaux, comme on le voit, ne sont pas des musiciens mais plutôt des laissés pour compte. Trop âgés, ils sont rejetés par la société qui, les ayant utilisés tant qu’elle pouvait, cherche maintenant à s’en débarrasser d’une façon ou d’une autre. Car l’âne ne peut plus être bâté, le chien et le chat ne chassent plus ni voleurs ni rats et souris, et le coq n’a plus sa place dans la basse-cour.

Alors, pour faire face au triste sort qui les attend, les animaux veulent devenir musiciens – puisque qu’à l’époque les musiciens étaient fonctionnaires – à l’abri de l’insécurité. S’ils n’ont finalement rien en commun, ils sont unis dans le rejet sociétal dont ils font l’objet.

Et cette bande de musiciens malhabiles va chasser une bande de brigands.
Contre toute attente, ce sont des animaux, usés, malades, bannis, dont chacun se détourne, qui mettront en fuite des voleurs, les effrayant par leurs voix éraillées mais à l’unisson.
Les voleurs représentent, sans aucun doute, la bourgeoisie-même qui a exclu les quatre compères, après les avoir exploités et utilisés selon son bon vouloir…

Les animaux, installés dans la maison, y couleront des jours paisibles. La sécurité qu’ils allaient chercher à Brême, ils la trouveront dans cette nouvelle liberté, offrant le visage d’une nouvelle société, sans exploitation, sans compétition, où même si l’on n’est plus bon à rien, si l’on chante faux et mal, on trouve toujours sa place.

 

 

Valérie Besio, le 9 décembre 2019

 

 

Source :

https://www.larousse.fr
www.clpav.fr/grimm
www.multitudes.net/Les-Musiciens-de-Breme