Les pangolins au bord de l’extinction

Le pangolin, du malais « enrouleur », est un petit mammifère des régions tropicales et équatoriales d’Afrique et d’Asie. Son tempérament docile et peureux fait malheureusement de cette espèce la proie rêvée des braconniers…

Pouvant peser entre 2 et 35 kilos pour 30 à 80 cm selon l’espèce, ces animaux sont uniques notamment en raison de leurs écailles constituées de kératine (même matière que dans les cornes de rhinocéros ou les ongles humains par exemple). Ces dernières les rendent cependant très convoités par les braconniers, d’autant plus que les pangolins se roulent en boule lorsqu’ils se sentent menacés et n’ont plus qu’à être ramassés par les trafiquants. Insectivores, ils se nourrissent principalement de fourmis et de termites à l’aide de leur longue langue.

© Tikki Hywood Trust

© Ruslan Rugoals

Les populations de pangolins sont extrêmement menacées et ces animaux pourraient disparaître dans une dizaine d’années. Leur extinction pourrait notamment engendrer un déséquilibre de l’écosystème des forêts tropicales avec une augmentation des invertébrés dont ils se nourrissent.

Le trafic de ces espèces provient, entre autres, de Malaisie, d’Indonésie, de Chine, du Vietnam, du Nigeria, du Cameroun…

En 2017, selon l’IFAW (Fond International pour la protection des animaux), plus de 31 000 kilos de pangolins ont été saisis, dont deux cargaisons de 700 kilos provenant du Ghana. Cette région est en effet une des plaques tournantes du braconnage de ces espèces. De plus, c’est un pays où les braconniers peuvent vendre ces animaux vivants, suspendus par la queue sur les étals. Ils sont commercialisés pour leur viande, leurs os et leurs écailles. Pour les défenseurs des animaux, une réformation de la législation du Ghana est essentielle pour pallier le trafic.

© Joel Abroad

Porc-épic mort et pangolin vivant,
vendus comme viandes de brousse au Cameroun

« Si l’on veut que le braconnage diminue de manière drastique, il faut des punitions et des condamnations à la hauteur. […] Cela viendrait appuyer les efforts réalisés au niveau des douanes.» stipule Mark Hofberg dont l’avis est partagé par Nana Kofi Adu-Nsiah, directeur de la Commission ghanéenne pour la faune. Ce dernier explique notamment que la législation de son pays date des années 1960. Par conséquent, il s’efforce de faire pression sur le parlement afin d’instaurer des moyens juridiques en accord avec les standards internationaux dans la lutte contre les crimes environnementaux.

 La consommation de pangolins est également très prisée dans les pays asiatiques comme la Chine et le Vietnam. La chair de ces animaux est considérée là-bas comme délicate mais leurs os et leurs organes sont également très recherchés. Leurs écailles et leur sang sont aussi convoités pour leurs prétendues vertus thérapeutiques et aphrodisiaques. En 2007, la Chine avait légèrement régulé le commerce des écailles de pangolins, limitant leur utilisation dans certains hôpitaux et pour la fabrication de médicaments brevetés. Ceci n’avait cependant pas arrêté le commerce illégal de ces espèces.

Les autorités compétentes commencent cependant à prendre les choses en main puisque de plus en plus de saisies et d’arrestations sont réalisées. Toutefois, la plupart des pays concernés manquent de lois pour faire reculer le trafic…

Toutefois, le 28 septembre dernier, les membres de la Cites (Convention International sur le commerce d’espèces sauvages menacées d’extinction) ont attribué au pangolin le plus haut degré de protection en l’inscrivant à l’annexe I. Cette dernière interdit le commerce international des espèces menacées d’extinction.

« C’est un immense succès et une rare bonne nouvelle pour l’une des espèces les plus menacées au monde. […] Cette protection totale écarte toute question relative à leur commerce légal et rendra la tâche plus difficile aux trafiquants qui seront plus lourdement sanctionnés » déclare Ginette Hemley, chef de la délégation du Fonds mondial pour la nature (WWF).  Cette dernière précise cependant que la lutte continue puisque les 183 États participant à la Cites doivent à présent s’impliquer pour que cette décision soit instaurée. D’autant plus que les commerces nationaux, dépendant des Etats, ne sont pas concernés par cette interdiction. « Le commerce illégal sera toujours une menace pour les pangolins tant que la demande de viande et d’écailles persistera » ajoute Ginette Hemley.

 

Gabrielle Montier, le 20 octobre 2017

 

Sources :

https://www.sciencesetavenir.fr/animaux/biodiversite/le-ghana-doit-reformer-sa-legislation-pour-sauver-les-pangolins-de-l-extinction_117363

http://ecologie.blog.lemonde.fr/2016/09/29/les-pangolins-mammiferes-les-plus-braconnes-au-monde-desormais-proteges/

https://fr.wikipedia.org/wiki/Pangolin