Lorsque le bouquetin devient bouc émissaire

Depuis quelques années en Haute-Savoie, un foyer de brucellose (maladie infectieuse commune à certains animaux et à l’homme) chez des bouquetins du Bargy a été découvert. Cela a conduit à des mesures pour le moins expéditives : abattages sans discernement des bouquetins pourtant protégés et interdits de chasse.
Depuis 2012, sur environ 700 spécimens, ce sont 482 qui ont été tués dont 348 par abattage indiscriminé.

Pour l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES), le risque d’une contamination à des animaux domestiques est quasiment nul et il serait tout à fait possible de remédier à cette situation en préservant les animaux sains.
Par ailleurs, l’infection brucellique a chuté de 70% en 3 ans et, l’abattage ne se justifiant plus, d’autres méthodes pourraient être appliquées telles que les captures, contrôles et marquages des animaux.

Pourtant, la préfecture de Haute-Savoie vient de soumettre à une consultation publique un nouvel arrêté autorisant l’abattage indiscriminé d’une quinzaine de bouquetins du Bargy, arguant que cette maladie pourrait se transmettre aux cheptels domestiques que l’on retrouve dans les alpages, parfois à proximité d’animaux sauvages.

Mais si rien ne va plus pour les bouquetins du Bargy, la situation est tout aussi dramatique en Suisse ! Voilà qu’il est possible, pour environ 18 000 €, de chasser un bouquetin et de l’abattre dans le canton du Valais, au sud-ouest de la Suisse.
Des agences de voyage proposent même cette activité « ludique » avec des gardes-faune qui encadrent l’aventure en guidant les chasseurs vers leurs proies.
Chasse unique en Suisse, chaque année c’est environ une centaine de permis de chasse qui sont délivrés, rapportant tous les ans environ près de 600 000 € au canton souverain.
Au total ces sont 36% de l’ensemble des bouquetins de 11 ans qui sont abattus tous les ans. Or, pour les spécialistes, ce sont ces mêmes animaux qui assurent la reproduction de l’espèce et non les jeunes individus ; maintenir cette activité menacerait donc l’équilibre des troupeaux.

 

 

Le 6 novembre 2019