Sibylline Océans

Contexte : L’océan agonise et se vide de ses occupants à une vitesse aujourd’hui jamais égalée, avec une destruction massive de ses espèces. La France, deuxième domaine maritime mondial, serait légitime à montrer la voie d’un changement radical et à en devenir le chef de file, ne serait-ce qu’en matière de prise en charge médicale lors d’échouage ou de difficulté (enchevêtrement dans les filets, par exemple). Nous accumulons cependant des décennies de retard par rapport à des pays dits en voie de développement.
En France, le nombre annuel moyen d’échouages de cétacés était relativement stable avec une moyenne d’environ 1000 animaux (dont 75 % répartis sur la façade Atlantique). Ces 5 dernières années des pics de mortalité ont été enregistrés avec une aggravation en 2017 où, durant le seul hiver, la moyenne annuelle était atteinte. Ces échouages ne sont que la partie émergée de l’iceberg et ne représente qu’un petit pourcentage face aux  animaux qui meurent en mer.
Ces mammifères marins s’échouent parfois déjà morts mais lorsqu’un animal s’échoue vivant sur nos côtes, ça crée souvent un sauve-qui-peut dont l’issue peut être dramatique car très peu de personnes sont qualifiées pour gérer le genre d’intervention que cela nécessite.
Les « officiels », non formés, n’hésitent pas à conseiller le renflouement (remise à l’eau) d’animaux non sevrés, les condamnant ainsi à une lente agonie et pouvant provoquer  la mise en danger de pompiers quand ceux-ci interviennent sur de grands cétacés comme les baleines. Contrairement aux croyances, il n’existe aucune infrastructure, sur le territoire, pour prendre un dauphin échoué en soins, Quant aux oiseaux marins : les chiffres varient selon les années avec des explosions lors de marées noires ou de tempêtes : 44 000 individus s’échouèrent sur la façade Atlantique en 2014
Les Requins, raies et tortues ne sont pas en reste…C’est pour toutes ces raisons que l’association a été crée.
Présentation de l’association :
Sibylline Océans, réseau fondé par des vétérinaires français et espagnols, s’est organisé en association pendant la marée noire du Prestige, en 2003, s’ouvrant ainsi au public. Son financement repose uniquement sur la générosité de ce dernier. En France comme à l’étranger, il intervient régulièrement sur la faune marine en difficulté. Les échouages vivants d’animaux sont des urgences médicales, absolues lorsqu’il s’agit de baleines ou de dauphins. Par ailleurs, l’ONG, contribue au bien-être animal (la prise en charge de la douleur et du stress lors de ces échouages relèvent du champ d’action de Sibylline Océans) et à la préservation de la biodiversité à travers ses protocoles de recherches clinique et fondamentale, par ses études d’impact des activités humaines sur les animaux marins, par sa participation aux enquêtes publiques (France, Mexique, USA), par ses recours contre le bétonnage du littoral et par son volet éducatif.
Concrètement :
Sibylline Océans est gérée depuis les Landes, à Mimizan-plage. L’ONG intervient médicalement en cas d’échouage vivant, dès qu’elle en est informée. Selon les espèces, les protocoles d’intervention diffèrent mais même en cas d’échec (découverte ou alerte trop tardive, animal à l’agonie), chaque situation apporte de nouvelles pierres à l’édifice de la médecine des animaux marins, parents pauvres de cette discipline. Sibylline Océans forme  des vétérinaires des communes littorales à intervenir sur la faune marine, notamment sur les cétacés, patients non représentés en exercice libéral courant. Elle forme aussi des secouristes prêts à intervenir en cas d’échouage, de manière à ce que les secouristes et animaux ne soient pas mis en danger par de mauvaises pratiques. Car on ne s’improvise pas « sauveteur »…cela ne finit jamais bien, généralement pour l’animal mais parfois aussi pour l’humain, tout dépendant de la taille et de la raison de l’échouage. La prise en charge d’un échouage rassemble plusieurs compétences : médicales bien sûr mais aussi des secouristes (pouvant provenir de tous horizons) formés à ce genre de situation, idéalement des pompiers, des forces de police pour gérer la foule et maintenir un périmètre de sécurité, des conducteurs d’engins, etc… organisées au sein d’un réseau entraîné. Dans le cas de dauphins ou autres cétacés, un échouage est une urgence absolue, d’où la nécessité de ne pas perdre une seule seconde.
L’association se bat également pour obtenir la réalisation de vraies autopsies sur les carcasses fraîches de cétacés ou d’autres animaux marins, surtout lorsque  ceux-ci s’échouent en masse et  afin d’en connaître les causes mortelles. Aucun rapport d’autopsie n’est consultable car ces autopsies ne sont que très rarement pratiquées.Elles ne sont pas prévues dans les différents arrêtés et circulaires interministérielles relatifs aux échouages de cétacés. Au mieux a-t’on des dissections pratiquées par des biologistes (à ne pas confondre avec une autopsie qui relève du domaine de la médecine vétérinaire (anatomo-pathologie), au pire assiste-t’on à un envoi à l’équarrissage après prise des mensurations. Outre son site Internet, 3 blogs d’information sont en ligne – L’actu océanique http://cetacesetfaunemarine.wordpress.com – The ocean update http://whalesandmarinefauna.wordpress.com – Las noticias del océano http://cetaceosyfaunamarina.wordpress.com Le site : http://sibylline.free.fr/
En parallèle de ses activités médicales, Sibylline Océans participe à la protection des espèces et de leur habitat. Exemples : – Ile de la Réunion : découvrir et identifier les sources de pollution qui pourraient expliquer la présence de requins bouledogues, espèce incriminée dans les accidents avec l’homme – Développement de répulsifs de requins en évitant les effets secondaires sur la faune marine – Identifier les cosmétiques contenant du squalène de provenance animale (foie de requins), déterminer la cytotoxicité (pouvoir cancéreux sur les cellules) de chaque produit et proposer un guide de la consommation. – A l’étranger : rôle de conseil ou intervention à l’international : Amérique centrale, Amérique du Sud, Europe, etc…
Pour accroître son efficacité : le bateau hôpital Les bénévoles perdent énormément de temps, et donc d’efficacité, dans la gestion collatérale d’un échouage (diagnostics de laboratoire parfois impossible en raison du poids de l’animal, lenteurs administratives, etc…). Depuis toujours, Sibylline Océans demande la possibilité d’hospitaliser in situ (sur place), aussi bien pour le confort de l’animal que celui des intervenants, les animaux échoués. Il est plus logique d’hospitaliser un animal dans son milieu et ainsi d’éviter des manipulations liées au manque de logistique. Ces interventions, source de stress, diminuent les chances de survie d’un animal quand elles ne tuent pas directement. Il est également plus logique d’avoir tout à portée de main, aussi bien pour le confort de l’animal que celui des intervenants. Ainsi, avec son projet en cours de réalisation de bateau hôpital, qui serait une première en Europe, Sibylline Océans propose d’offrir à la faune marine un plateau médical et chirurgical à portée de nageoires !
Le projet propulsé en images : MONTPELLIER – LA P’TITE PHANIE http://www.lechantdudesign.com/2017/07/25/montpellier-la-ptite-phanie-pp03/) La mission vétérinaire sur la faune marine est constante et l’urgence ne cesse de s’accroître par l’impact anthropique exercé sur l’océan.

Charlotte Avril

Le 4 octobre 2017