Tout savoir sur le Parti animaliste

Tout savoir sur le Parti animaliste

Ce dimanche 11 juin, au premier tour des élections législatives, 147 candidats tenteront de se faire élire pour représenter le Parti animaliste.

Pourquoi un Parti animaliste ?

Selon un sondage IFOP réalisé pour la Fondation 30 Millions d’Amis daté du 17 mars dernier, la cause animale est un enjeu important pour 80 % des personnes sondées. Or, il n’y a pas de réelle volonté politique à faire bouger les choses.

Inspiré par le parti néerlandais Partij voor de Dieren (Parti pour les animaux) qui est le premier parti antispéciste représenté dans une assemblée nationale  (cinq députés aux Pays-Bas) et compte également une eurodéputée, le Parti animaliste est lancé officiellement le 14 novembre 2016 à l’Assemblée Nationale. Son but est de contribuer à faire émerger la question animale en politique et d’offrir des outils pour enfin prendre en considération les intérêts des animaux. L’enjeu des législatives est de donner «une visibilité à un électorat pour lequel la question animale est une priorité».

N’a-t-on pas déjà les associations de protection des animaux pour faire cela ?

Comme le dit Nathalie Dehan, co-fondatrice du parti et candidate dans la 3ème circonscription du Rhône (Lyon) : « les associations françaises font un travail extraordinaire. Cet engagement associatif et personnel ne peut qu’être complété par un engagement de société. Nous ne sommes pas le seul outil, mais nous sommes là pour les aider et les soutenir.  La France prend de plus en plus conscience des terribles souffrances que la société inflige aux animaux. Cette prise de conscience veut s’exprimer au niveau social aussi. Donc il faut bien que les lois changent pour accompagner cette évolution des mentalités. »

Quelles sont leurs chances ?

Sur son site, le parti est conscient des difficultés pour «faire entendre (sa) voix» lorsqu’on est un “jeune parti”. D’ailleurs pour se faire entendre, les moyens sont restreints. Aucune profession de foi n’est imprimée, faute d’argent. Le budget de 75 000 €, financé par les 1 500 adhérents et des donateurs, est alloué aux bulletins de vote et aux affiches de campagne.

C’est pourquoi, l’objectif des animalistes est avant tout d’atteindre 1 % des suffrages dans un minimum de 50 circonscriptions lors des scrutins de dimanche, afin qu’il puisse prétendre à un financement public correspondant à 1,40 euro par voix collectée. Cela permettrait au parti d’être plus ambitieux dans la préparation des européennes, élection dans laquelle il souhaite s’allier avec des partis animalistes de pays voisins.

Ils pourront ainsi préparer dans de meilleures conditions les européennes de 2019 où ils espèrent pouvoir présenter d’avantage de candidats.

Qui sont ces gens qui se cachent derrière un chat ?

En effet, sur  les affiches du parti, aucun nom, aucune photo des candidats mais un petit chat blanc sur fond violet car le but de ce nouveau parti est bien de « mettre en avant l’animal, le placer au cœur du débat politique », insiste Nathalie Dehan. « Notre stratégie est de montrer que nous sommes désintéressés à titre individuel. Une affiche identique sur tout le territoire national nous permet aussi d’optimiser notre visibilité», explique Hélène Thouy, co-présidente du parti.

Tous les candidats investis par le parti sont issus de la société civile. Ils sont médecins, étudiants, mères au foyer, assistantes maternelles, physiciens. Avec 147 candidats, dont deux tiers de femmes, le Parti animaliste est présent dans 53 départements.  « Nous avons des candidats qui viennent de tous les horizons. Ils ont entre 18 et 70 ans. Certains sont investis dans la cause depuis longtemps, d’autres pas du tout et ont désiré apporter leur contribution », précise Nathalie Dehan. «  Nous sommes très heureux de pouvoir réunir des gens qui ont cette chose en commun : faire progresser la cause animale en France. C’est un enjeu de société, une cause urgente et prioritaire ».

Est-ce un parti réservé aux “bobos” végans de gauche ?

« Nous nous adressons à un large panel d’électeurs –végans ou pas- pour qui cette question est urgente et prioritaire’’, comme le dit Nathalie Dehan. » ailleurs, le Parti animaliste ne fera aucun accord avec une quelconque formation politique. Même si des candidats à la présidentielle, comme Jean-Luc Mélenchon ou Marine Le Pen, ont mentionné la cause animale, la coprésidente estime que leurs propositions ne sont pas assez ambitieuses. « Nos candidats, nos bénévoles ont différentes sensibilités politiques et la cause animale se trouve au-delà des clivages gauche-droite », précise-t-elle. Côté adhérents, les profils sont aussi très variés : ils sont de tous âges, de toutes catégories sociales, ruraux et urbains. Hélène Thouy admet que son parti a encore du mal à savoir quel peut être son cœur de cible et espère que certains abstentionnistes se tourneront vers son parti.

Quels sont leurs objectifs ?

Dans sa charte des valeurs, le parti explique que « les animaux sont des êtres sensibles, conscients et doués d’une volonté et d’intérêts propres » ce qui, depuis 2015,est inscrit dans le Code civil français qui  reconnaît l’animal comme un « être vivant doué de sensibilité » et non plus comme un « bien meuble ».

Le programme du Parti animaliste comprend huit points principaux.

  1. Institutionnaliser la protection animale à travers un ministère de la protection animale et une législation améliorée,
  2. Réintroduire et développer l’enseignement du respect des animaux dans les programmes scolaires,
  3. Sensibiliser les citoyens aux bonnes pratiques concernant les animaux de compagnie,
  4. Interdire d’utiliser des animaux pour divertir (corridas, cirques, zoos…),
  5. Accompagner la transition vers des méthodes de recherche expérimentale n’utilisant pas d’animaux,
  6. Mieux protéger la faune sauvage et abolir la chasse de loisir,
  7. Renforcer la protection des animaux d’élevage et abolir les pratiques génératrices de souffrances,
  8. Prendre des mesures contre les pêches destructrices et mieux protéger l’habitat marin.

Et les humains ? La planète ? L’environnement ?

« L’humain est bien sûr très lié à la cause animale. Nous souhaitons inclure les animaux dans la préoccupation sociale de notre pays. Ce n’est pas ou les humains ou les animaux, c’est aussi les animaux », comme le dit Nathalie Dehan. « Par exemple, avec notre proposition de faciliter l’admission des animaux dans les EPHAD ou pour les sans-abris : nous incluons et l’humain, et l’animal. À aucun moment nous excluons les humains. L’idée est plutôt d’inclure les animaux dans un champ de préoccupation politique ».

C’est pourquoi le parti est monothématique pour ne pas diluer cette cause dans d’autres axes. « Monothématique certes, mais comme le relève Nathalie Dehan, ce sujet est transversal puisqu’il concerne également la santé humaine, l’économie, l’écologie et autant de domaines habituellement placés en priorité dans les programmes des partis classiques ».

Miranda Sanson, 9 juin 17