Homme et animal, un lien indéfectible ?

Source : Futura Sciences

L’homme, un animal dominant 

 

Voici quelque 2 millions d’années, les humains d’Afrique se déplacent vers l’Eurasie et différentes espèces humaines se développent.
Puis, il y a 70 000 ans, Homo sapiens se répand définitivement hors d’Afrique et, il y a 45 000 ans, il s’établit en Australie, exterminant au passage les grands animaux (mammouths laineux, castors géants…) en pratiquant la chasse et l’agriculture au brûlis. Il y a 16 000 ans, on le retrouve en Amérique où il va éradiquer également cette mégafaune.
Homo sapiens est omniprésent et, au final, c’est près de la moitié des grands animaux de la planète qu’il extermina par sa seule présence ; cela bien avant l’apparition de la roue ou de l’écriture.

Source : Sciences et Avenir

Un peu plus tard, c’est-à-dire il y a 12 000 ans, Homo sapiens domestique les plantes et les animaux (chèvres, moutons, bœufs…). Auparavant, il aura fait du chien son premier compagnon (entre 30 000 et 15 000 ans), animal assez facile à apprivoiser, se nourrissant des détritus des humains.

Plus près de nous, promu par un puissant christianisme, l’anthropocentrisme infiltre le Moyen Age. Au XIIIe siècle, saint Thomas d’Aquin considère que les hommes possèdent une âme intellectuelle et spirituelle alors que les animaux sont dotés d’une âme dont la nature n’est de toute façon qu’instinct et ne s’apparente guère à la raison.
L’homme détient ainsi une supériorité souveraine, les animaux ne sont que ses sujets.

Cependant, le monde évolue et l’âme « inférieure » à celle des hommes est contestée par les courants libertins puis philosophiques des XVIe et XVIIIe siècles.
Les siècles suivants se trouvent confrontés au développement des sciences – biologie, paléontologie, théories évolutionnistes, éthologie – qui rapprochent enfin l’homme de l’animal, rendant les frontières des plus incertaines.

Parallèlement, des mouvements de libération animale émergent. L’écologie devient une préoccupation dès les années 70. Pour de nombreux individus, l’homme doit descendre du sommet de la pyramide qu’il a imaginée. Ce nouveau militantisme veut mettre fin à un rapport dominant/dominé trop longtemps appuyé par l’ensemble de nos héritages – culturels, religieux, humanistes. 

En 1961, l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe admet enfin que, dans ses Etats membres, les normes nécessaires au bien-être d’un animal ne sont pas toujours respectées.

L’article 13 du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne – introduit avec le traité de Lisbonne en 2007 –  met sur un pied d’égalité le bien-être animal avec d’autres grands principes européens comme la protection des consommateurs, la lutte contre la discrimination… Paradoxalement, l’article établit que « lorsqu’ils formulent et mettent en œuvre la politique de l’Union dans les domaines de l’agriculture, de la pêche, des transports, du marché intérieur, de la recherche et développement technologique et de l’espace, l’Union et les États membres tiennent pleinement compte des exigences du bien-être des animaux en tant qu’êtres sensibles, tout en respectant les dispositions législatives ou administratives et les usages des États membres en matière notamment de rites religieux, de traditions culturelles et de patrimoines régionaux ».
En d’autres termes, certains pans de la protection animale restent du ressort des Etats membres (évènements culturels, sportifs, compétitions et spectacles utilisant des animaux). Or, la souffrance animale est bien une réalité, et dès lors qu’il y a exception, le principe même de protection animale est balayé.
Mais l’Europe n’en est pas à une contradiction près…

En France, l’article 515-14 du code civil reconnait, depuis le 16 février 2015, que « les animaux sont des êtres vivants doués de sensibilité (…) ».
Toujours en France, d’après le code rural (article L.214.1), les animaux domestiques ou sauvages apprivoisés ou tenus en captivité sont reconnus comme étant « sensibles » et doivent être placés par leur propriétaire dans les conditions compatibles avec les impératifs biologiques de leur espèce.
Quant aux animaux sauvages vivant en liberté, ils ne bénéficient d’aucune protection générale et on ne leur reconnait aucune sensibilité…

Ainsi, le bien-être animal, promulgué au rang de grand principe européen, n’en reste pas moins assujetti aux actions de chaque Etat membre. La préoccupation réelle n’est pas, comme on pouvait l’espérer, la reconnaissance d’une valeur propre aux animaux.
Car, si la protection des personnes contre les violations des droits de l’homme est à vocation universelle, pour les animaux il n’en est pas de même : la protection animale est toujours relative, subordonnée au bon vouloir des humains, tributaire de leurs intérêts souvent jugés comme incomparables.

 

 

L’exemple wallon

 

Devant ces circonlocutions européennes, la Wallonie a choisi une autre voie en rédigeant un code du bien-être animal.
Adopté par le parlement de Wallonie le 3 octobre 2018, modifiant la loi du 14 août 1986 relative au bien-être animal, ce code vise à « protéger la sensibilité et à assurer le bien-être de l’animal ». Il s’applique aux vertébrés et à certains invertébrés déterminés. 

Ainsi, la petite région du sud de la Belgique, pionnière européenne en la matière, a eu à cœur de décrire les conditions de protection des animaux et de leur bien-être. Elle a tenu compte des besoins physiologiques et éthologiques des animaux ainsi que de leur rôle dans la société. Un texte aux avancées inédites, particulièrement ambitieux.

L’article D.1e stipulant que « l’animal est un être sensible qui possèdes des besoins qui lui sont spécifiques selon sa nature », il en résulte les grandes lignes suivantes :

Concernant la détention des animaux,

  • Il est interdit de :
    • Abandonner, négliger, maltraiter un animal
    • Entraver la liberté de mouvement d’un animal ou le maintenir continument attaché
    • Détenir certains animaux ; par exemple les cétacés
    • Organiser des combats d’animaux ou des exercices de tir sur animaux
    • Utiliser des animaux autres que domestiques dans les cirques
  • Un permis est nécessaire pour détenir un animal. Lorsque la personne qui détient un animal est une personne physique, elle doit avoir atteint la majorité.

Concernant les pratiques, il est interdit de maltraiter un animal c’est-à-dire exciter sa férocité, lui imposer un travail dépassant ses capacités naturelles, pratiquer une intervention douloureuse sans anesthésie, collecter poils et plumes sur des animaux vivants, etc.

Concernant le commerce et le transport des animaux, il est interdit de :

  • Commercialiser un animal non enregistré
  • Vendre un animal à un mineur
  • Générer des risques de souffrances lors d’un transport
  • Organiser un transport d’animal de plus de 8 heures

Concernant la mise à mort, il faut :

  • Utiliser la méthode la plus rapide et la moins douloureuse
  • Pratiquer une anesthésie ou un étourdissement au préalable, sauf exception
  • Que la mise à mort soit pratiquée par une personne habilitée
  • Equiper les établissements d’abattage de vidéosurveillances

Concernant les expériences sur les animaux, il est interdit d’effectuer des expériences sans lien avec la santé humaine ou animale. Seules les expériences soumises à une commission d’éthique sont autorisées.

Enfin, en cas d’infraction au bien-être animal, la maltraitance animale est sévèrement punie. Des sanctions pénales peuvent être appliquées (10 à 15 ans de réclusion, amende jusqu’à 10 millions €). Sans poursuite judiciaire, l’Administration wallonne peut infliger une amende de 50 à 100 000 €.

 

 

L’Europe à la peine

 

En Europe, l’élevage représente 40% de la valeur de la production agricole de l’Union.
Chaque année, ce sont 4,5 milliards de poulets, poules pondeuses et dindes, et 330 millions de bovins, porcs, moutons et chèvres qui sont élevés dans les fermes européennes.
Comment les animaux d’élevage sont donc traités ?

Le bien-être des animaux est complexe à organiser. La multiplicité des sources (conventionnelles, constitutionnelles, législatives, réglementaires…), les superpositions d’ordres juridiques (international, européen, national) et la diversité des droits (pénal, privé, administratif) constituent un frein à une mise en œuvre efficace et cohérente. Et si les Etats membres affichent des intentions des plus louables sur la scène internationale, ils semblent bien moins pressés lorsqu’il faut agir.

Il en résulte des pratiques désastreuses qui perdurent dans les exploitations : caudectomie des porcs, boiteries diverses, maladies bovines, absence d’équipements techniques du type ventilation pour les poulets de chair, etc.
Les transports d’animaux vivants ne sont pas plus exempts d’abus : transferts sur de longues distances et animaux trop jeunes transportés.
Dans certains abattoirs, les veaux sont étourdis par choc occipital – moins fiable qu’un choc frontal – qui occasionne moins d’éclats d’os et permet donc une meilleure commercialisation du cerveau de l’animal. Pour les volailles, la méthode consiste en une électrocution par bain d’eau, une pratique considérée comme inadéquate.
L’étourdissement est globalement peu respecté. Certains abattoirs utilisent à outrance la dérogation autorisant l’abattage sans étourdissement, notamment dans le cadre de rites religieux. En réalité, certaines pratiques autorisées de façon exceptionnelle deviennent systématiques.

La plupart des exploitations européennes répondent en réalité aux conditions intensives qui sont à l’opposé du bien-être animal. Les animaux, stressés et maltraités, développent des comportements anormaux du type agressivité, caudophagie, cannibalisme… A cela, les exploitants répliquent par des solutions pour le moins moyenâgeuses : épointage, caudectomie, castration, section partielle des dents… Bref l’horreur.

La France ne fait pas exception : 95% des porcs passent leur vie enfermés, élevés directement sur du béton, sans paille, avec tout juste 0,65 m2/animal. Les truies passent un tiers de leur vie en cage et 85% des porcelets sont castrés à vif.

En Italie, les élevages de porcs pour des AOP pourtant renommées ne comptent plus les prolapsus rectaux, diverses lésions ulcérées, les infections, les cadavres…

On l’aura compris, les intérêts économiques priment malheureusement sur le bien-être des animaux, et cela d’autant plus que l’on estimerait les coûts d’une augmentation significative du bien-être animal à environ 13 à 23 % des coûts de production actuels.

Une petite lueur d’optimisme dans ce tableau bien noir : le respect – plus ou moins total – de l’interdiction des cages non aménagées pour les poules pondeuses (depuis 2012) et pour les truies gestantes (depuis 2013).
Le bien-être des poulets de chair, des vaches laitières et des élevages de lapins s’est également amélioré dans certains Etats membres.

Face à cette situation, l’idée d’un label éthique du bien-être animal a fait son chemin. Certaines enseignes de la grande distribution s’y penchent mais pour l’instant rien de réellement concret n’est posé sur la table. Cependant des initiatives émergent dans plusieurs Etats membres.

En France, 3 ONG – OABA, LFDA et CIWF France – en partenariat avec le groupe Casino travaillent de concert pour lancer le premier étiquetage national sur le bien-être animal. En construisant un référentiel de critères propres à évaluer le bien-être des animaux d’élevage (conditions d’élevage, de transport et d’abattage), il sera donc possible pour le consommateur final d’être informé et de choisir de manière éclairée. Cette démarche ambitionne également d’améliorer de façon significative le bien-être des animaux en allant au-delà des exigences réglementaires actuelles.

Un autre concept novateur – développé par la start-up « Poulehouse » pour qui « l’œuf qui ne tue pas la poule » – propose un mode de production d’œufs sans abattage des poules pondeuses. Ces dernières meurent donc de mort naturelle, elles ne sont pas épointées et les producteurs qui s’engagent aux côtés de « Poulehouse » sont mieux rémunérés.
Le « sexage in ovo », qui permet de déterminer le sexe du poussin dans l’œuf pour ne couver que les poussins femelles et éviter ainsi le massacre de millions de poussins mâles, est en cours de déploiement.

Au Pays-Bas, le label « Beter Leven », lancé en 2007 par l’association de protection animale Direnbescherming, a pour objectif d’améliorer les conditions de vie des animaux d’élevage non élevés selon les standards biologiques. Ce label a d’abord concerné les volailles de chair pour s’étendre ensuite aux viandes de porc, bœuf et veau.
Aujourd’hui, presque tous les distributeurs vendent des produits labellisés.

En Allemagne, un label national certifiant le bien-être animal et portant sur les conditions d’élevage, de transport, d’abattage, « Für mehr Tierschutz », a été initié en 2012 par l’ONG Deutscher Tierschutzbund pour la viande de porc et de poulet.
Un autre label « Mehr Tierschutz », propriété du ministère de l’agriculture, associe depuis 2017 les acteurs économiques, associatifs, scientifiques et politiques.
Enfin l’initiative « Tierwhohl », lancée en 2015 par les filières porcines et avicoles, vise la mutualisation des coûts supplémentaires liés au bien-être animal et à leur financement par le marché ; le consommateur est donc mis à contribution puisque sur chaque kilo vendu, plusieurs centimes viennent alimenter un fonds d’indemnisation des surcoûts.

Au Danemark, l’ONG Dyrenes Beskyllelse a développé un étiquetage « bien-être » sur les produits issus d’élevages offrant un niveau de bien-être élevé aux animaux.
DOSO – une autre ONG –  a, quant à elle, fait le choix d’étiqueter des produits animaux issus d’élevages plus conventionnels sous le label gouvernemental « Bedre Dyrevelfaerd ».
Cette double démarche permet au consommateur de choisir sa viande selon ses convictions et son budget. Comme dans le cas allemand, elle permet aussi le financement des surcoûts par le marché.

Ces exemples, s’ils représentent de réels progrès, demeurent encore trop rares à l’échelle européenne.
Seulement 1,5% des fonds dédiés au bien-être animal ont été utilisés soit 205 millions € (sur l’échéance 2014-2020) alors que la PAC (Politique Agricole Commune) offre la possibilité d’octroyer des aides pour les élevages respectueux du bien-être des animaux.
Les défis à venir touchent la protection de la biodiversité, la préservation de l’eau et le bien-être des animaux. Intégrer ces exigences implique de la part de la PAC de rémunérer les élevages ayant déjà mis en place des pratiques respectueuses des animaux et de soutenir ceux qui s’engagent dans cette voie.
Hélas, les propositions de réforme de l’Union européenne pour la PAC post 2020 ne précisent aucun changement fondamental en matière de bien-être animal. Bien au contraire, la priorité est donnée à l’amélioration de la compétitivité des filières agricoles, la conquête de nouveaux marchés et, dans une moindre mesure, la filière bio. Le bien-être animal se trouve de facto relégué au second plan.
Car les lobbies de l’industrie agro-alimentaire ont bien fait leur travail… Et les retards institutionnels récurrents de Bruxelles – jusqu’à 5 années de retard pour la mise en place de certaines actions – n’arrangent rien.

Au final, 65% des animaux détenus par les hommes sont protégés par le droit européen ; 35% ne le sont toujours pas, soit environ 300 millions.
L’absence de législation sur les conditions de détention et de gestion de nombreux animaux (truites, saumons communs, vaches laitières, parents détenus pour la production de poulets de chair et de poules pondeuses, lapins, canards et oies, dindes et dindons, ovins, caprins…) est un fait. La plus grande partie de leur vie se passe confinée dans des enclos.

Cette souffrance animale pourrait être évitée et cela sans qu’il y ait de surcoûts pour les utilisateurs commerciaux d’animaux. A moyen et long termes, les marchés seraient mieux préservés et l’amélioration des conditions de vie des animaux d’élevage accroîtrait la rentabilité des exploitations.
Toujours sur un plan économique, ces évolutions créeraient de nouveaux débouchés pour les équipementiers et autres industries animales. 

  

 

Quid des animaux de cirque, des animaux de zoo, des animaux sauvages et des animaux de compagnie ?

 

Il existe de grandes disparités dans le traitement des animaux de cirque. Certains États membres ne disposent d’aucune loi tandis que d’autres interdisent le dressage et l’utilisation d’animaux non domestiqués ; d’autres encore ont étendu cette interdiction à tous les animaux. Néanmoins, dans la mesure où de nombreux cirques se déplacent dans toute l’Europe, le bien-être des animaux durant l’hébergement et le dressage n’est pas contrôlé.

Pour les animaux de zoo ou de parcs animaliers, les situations diffèrent d’un Etat à l’autre. La « directive zoo » européenne de 1999 fixe les règles d’installation et de fonctionnement portant sur la protection et la conservation de la faune sauvage et prévoyant une réglementation quant à l’octroi des licences et à l’inspection des parcs zoologiques. En 2015, un document sur les bonnes pratiques dans les zoos, publié par la Commission européenne, est venu compléter cette « directive zoo ». 
Malgré des contrôles effectués régulièrement, le bien-être animal n’est pas suffisamment pris en compte dans les zoos. Leur environnement naturel n’étant que rarement reconstitué, les animaux ne peuvent avoir les comportements correspondant à leurs besoins physiologiques. Il en résulte des stéréotypies, signes d’une souffrance profonde.

Source : Sciences et Avenir

Mais ce sont sans doute les animaux sauvages vivant en liberté qui restent les moins bien protégés.
En effet, le droit européen n’interdit pas la cruauté envers ces animaux, qu’elle soit délibérée ou motivée par des raisons commerciales, à l’exception des dispositions visant la conservation de certaines espèces sauvages et de règlements spécifiques (importation d’oiseaux sauvages capturés, mise à mort des phoques…). Et les pièges à glu et les filets sont toujours utilisés pour la capture des rongeurs…

Enfin, aucun texte juridique n’existe pour la protection des animaux de compagnie et aucune législation ne porte ni sur les chiens errants ni sur les animaux travaillant pour les humains (ânes…).

 

 

Faire entendre sa voix

 

Le bien-être animal est une question à laquelle les citoyens européens semblent très attachés.
En 2018, un sondage mené par 30 Millions d’amis nous apprend que 67% des Français considèrent que les animaux sont mal défendus par les politiques.
Et pour 82% des Européens, il faut agir davantage en faveur du bien-être des animaux.

Publiée en 2016, l’enquête de l’Eurobaromètre sur la protection animal montre que :

  • 94 % des citoyens européens pensent que la protection du bien-être des animaux d’élevage est importante,
  • 82 % pensent que les animaux d’élevage devraient être mieux protégés qu’ils ne le sont actuellement,
  • 64 % aimeraient avoir plus d’informations sur le traitement des animaux d’élevage dans leur pays,
  • 9 sur 10 estiment que les produits importés devraient respecter les normes de protection des animaux de l’UE, et que l’UE devrait sensibiliser davantage au bien-être animal dans le monde entier,
  • 68 % pensent qu’une partie ou la totalité des normes concernant la protection des animaux devraient être prises au niveau de l’UE,
  • 89 % estiment qu’il devrait y avoir une législation européenne pour garantir le bien-être des animaux utilisés à des fins commerciales.

 

La même enquête détaillée pour la France montre que :

  • 88% des Français considèrent que la protection des animaux d’élevage devrait être renforcée,
  • 72% des Français souhaitent être mieux informés sur les conditions de vie des animaux d’élevage,
  • 68% des Français sont prêts à payer plus cher pour un produit plus respectueux du bien-être animal,
  • 36% des Français prêtent attention aux labels garantissant une meilleure prise en compte du bien-être animal de façon systématique au cours de leurs achats,
  • 52% des Français pensent que les gammes de produits plus respectueux du bien-être animal proposées par les distributeurs ne sont pas suffisamment larges.

 

Au regard de ces éléments – au niveau européen et au niveau national – on ne peut que se réjouir.
Les citoyens européens sont en attente d’engagements de la part des instances nationales et supranationales pour qu’enfin les conditions de vie des animaux d’élevage évoluent.
Les mouvements nationaux, européens et internationaux en faveur des animaux d’élevage ne peuvent plus être rejetés. Il faudra désormais que les industriels de l’agro-alimentaire composent avec cette nouvelle donne et cessent d’argumenter que l’élevage intensif correspond aux attentes des populations.

Le consommateur européen ne veut plus être maintenu dans l’ignorance, il veut avoir le pouvoir de choisir librement, en toute connaissance.
C’est dans cette voie que s’est engagé Ensemble pour les animaux en travaillant à la création d’un label éthique, en partenariat avec Biens Communs et le GIE Ingest. L’élaboration d’une base d’informations certifiée, objective et collaborative, librement accessible sur les conditions de vie, de transport et d’abattage des animaux d’élevage constitue la première phase de la construction de ce label éthique.
En octobre 2018, l’Initiative Citoyenne Européenne – ICE – « End the Cage Age » a été lancée par CIWF, en partenariats avec 130 ONG européennes – dont Ensemble pour les animaux – dans le but d’interdire définitivement l’élevage en cages.
Plus de 780 000 signatures ont déjà été récoltées, l’objectif étant d’atteindre le million d’ici le mois de septembre 2019.

Ce sont grâce à des initiatives de ce type que les consommateurs pourront faire entendre leurs voix afin que les conditions de vie des animaux d’élevage changent du tout au tout. C’est aussi par un comportement d’achat responsable que le bien-être des animaux d’élevage sera amélioré, à l’instar des consommateurs néerlandais qui dépensent de plus en plus en produits alimentaires durables.

 

 

Et demain ?

 

Il est indéniable que la protection des animaux a progressé en Europe, à des degrés divers selon les Etats membres, souvent sous la pression d’ONG et de consommateurs qui veulent désormais des produits garantissant de meilleures conditions de vie aux animaux. Mais son effectivité reste encore trop souvent limitée.

Informer les consommateurs, sensibiliser les plus jeunes, rendre les labels pédagogiques et en faire la promotion, engager les distributeurs dans cette démarche sont les prémisses d’un projet de longue haleine.

Mais au-delà des considérations économiques, réglementaires, institutionnelles, quelles sont donc nos valeurs morales pour que nous continuions à maltraiter de la sorte des animaux ?  Ne doit-on pas accepter l’idée, sans concession ni exception, d’un droit, non pas des personnes, mais des êtres vivants ?

Comme Mohandas Karamchand Gandhi le disait, « La grandeur d’une nation et ses progrès moraux peuvent être jugés par la manière dont elle traite les animaux ».

 

 

Valérie Besio, le 29 avril 2019

 

Sources :

– Yuval Noah Harari « Sapiens, une brève histoire de l’humanité » Ed. Albin Michel, 2015
– « Le code wallon du bien-être animal – conscients, sensibles et vivants comme nous », 2018 www.wallonie.be
– Eric Baratay « L’anthropocentrisme du christianisme occidental ». Sous la direction de B. Cyrulnik, « Si les lions pouvaient parler. Essais sur la condition animale », Gallimard, pp.1428-1459, 1998.
– « Attitudes des Européens face au bien-être animal » Eurobaromètre spécial 442 – Etude commandée par la Commission européenne, Direction générale Santé et Sécurité Alimentaire et coordonnée par la Direction générale Communication, Mars 2016
– « Le bien-être animal dans l’Union européenne », Direction générale des politiques internes, Parlement européen, 2017
– Christine Roguet « Les labels bien‐être animal aux Pays‐Bas, en Allemagne et au Danemark : analyse et enseignements », Pôle Economie, Ifip‐institut du porc, La Motte au Vicomte, 35651 Le Rheu, 17ème Journée Productions porcines et avicoles, 2017

https://www.wallonie.be/fr/actualites/adoption-definitive-du-code-du-bien-etre-animal

https://www.moustique.be/21958/code-du-bien-etre-animal-la-wallonie-en-avance-sur-union-europeenne/

https://www.lci.fr/societe/en-cours-cause-animale-la-belgique-adopte-un-code-du-bien-etre-animal-la-france-a-la-traine-2094006.html

http://www.journaldelenvironnement.net/article/le-bien-etre-animal-manque-de-pratique-en-europe,94777

https://journals.openedition.org/trajectoires/

https://www.euractiv.fr/section/agriculture-alimentation/news/le-bien-etre-animal-risque-de-passer-a-la-trappe-dans-la-nouvelle-pac/

https://www.lesechos.fr/18/11/2018/lesechos.fr/0600151266248_les-animaux-d-elevage-encore-trop-souvent-victimes-d-abus-en-europe.htm

https://www.lepointveterinaire.fr/actualites/actualites-professionnelles/bien-etre-animal-l-europe-bon-eleve.html

https://www.ciwf.fr/actualites/2015/01/ils-veulent-renforcer-le-bien-etre-animal-en-europe

https://www.ciwf.fr/actualites/2016/03/les-europeens-veulent-plus-de-bien-etre-animal

http://fr.boell.org/fr/2019/02/11/bien-etre-animal-doit-mieux-faire

http://www.lafranceagricole.fr/actualites/elevage/

https://www.deutschland.de/fr/initiatives-pour-le-bien-etre-animal-en-allemagne

http://www.eurosorbonne.eu/2017/05/01/lanimal-enfin-reconnu-etre-sensible/

http://www.fondation-droit-animal.org/informations-juridiques/textes-relatifs-a-lanimal/

https://www.ciwf.fr/

https://www.oaba.fr/

https://www.poulehouse.fr/

http://droitnature.free.fr/pdf/Directives/

https://eur-lex.europa.eu/legal-content/

https://www.lemonde.fr/planete/article/2012/05/05/les-zoos-francais-protegent-ils-assez-les-animaux/

Bibliographie :
– Jonathan Safran Foer «  Faut-il manger les animaux ? » Ed. Points, 2012
– Sylvain Tesson « Une vie à coucher dehors », nouvelle « Les porcs » Ed. Gallimard, 2009